Le diabète de type 2 n’est plus l’apanage des séniors, sa prévalence augmente de façon inquiétante chez les jeunes. On fait le point ensemble.

Un phénomène apparu aux Etats-Unis

Longtemps considéré comme une maladie de la maturité, le diabète de type 2 n’est plus l’apanage des séniors. Cette affection, qui se caractérise par excès de sucre dans le sang (hyperglycémie), se manifeste tout d’abord par une résistance à l’insuline c’est-à-dire, une difficulté des cellules à capter le glucose, associée à un déficit de sécrétion de cette même insuline par le pancréas. Le diabète de type 2 représente 90% de cas de diabètes et était majoritairement diagnostiqué chez les sujets adultes (plus de 40 ans)1. Aujourd’hui, le diabète de type 2 augmente de façon inquiétante chez les jeunes. Les premiers signes sont venus des Etats-Unis où l’incidence du diabète de type 2 chez les moins de 19 ans est passée de 9 cas pour 100 000 en 2002-2003 à 12,5 cas pour 100 000.2

Cette augmentation est plus sensible au sein de certaines populations telles que les Amérindiens, les Afro-américains, les Navajos ou encore les aborigènes d’Australie. Au contraire, les populations caucasiennes et particulièrement celles vivant dans les pays européens sont moins affectées.3 Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs et notamment la sensibilité génétique, les disparités socio-économiques, les difficultés d’accès au soin ou encore les pratiques culturelles.3 Les cas de diabète de type 2 demeurent cependant rares chez l’enfant mais augmentent graduellement au moment de la puberté. Les bouleversements hormonaux vécus par les adolescents peuvent s’accompagner d’une résistance à l’insuline qui, à long terme peut faire le lit d’un diabète de type 2 précoce3. En France les premiers diagnostics de diabète de type 2 chez l’enfant ont eu lieu il y a une vingtaine d’année4 et si les données chiffrées sont rares, on sait aujourd’hui que la fréquence du diabète continue d’augmenter chez l’enfant et l’adolescent pour atteindre la fréquence d’un adolescent sur 10 reçus pour révélation de diabète.5

Hygiène de vie en question

Il existe d’autres facteurs de risques différents des prédispositions génétiques. Les effets de l’obésité et du mode de vie sur la survenue précoce d’un diabète de type 2 sont aujourd’hui clairement identifiés. La période de Covid a sans doute aggravé le problème puisqu’elle a accentué les inégalités nutritionnelles et la sédentarité6. Aujourd’hui en France, les deux tiers des adolescents âgés de 11 à 17 ans sont concernés par la sédentarité. 7

  • 66% d’entre eux pratiqueraient moins de 60 minutes d’activité physique par jour (qui est le seuil d’activité physique minimal recommandé pour ces tranches d’âges) et consacreraient quotidiennement plus de 2 heures aux écrans.
  • Ils seraient 49% à présenter des caractéristiques plus sévères c’est-à-dire plus de 4h30 de temps d’écran et moins de 20 minutes d’activité physique par jour.

Les adolescents les plus exposés seraient ceux issus de la tranche d’âge 15-17 ans et issus des populations les moins favorisées. 7

Les inégalités de genre méritent également d’être notées. En effet, les jeunes filles de 11-14 ans sont moins nombreuses (15,5%) que les garçons (24%) de la même tranche d’âge à pratiquer un minimum de 60 minutes d’activité physique par jour.7

L’adolescence est donc une période charnière au cours de laquelle il est plus que jamais important de rappeler les règles d’une bonne hygiène de vie :7,8

  • Une alimentation équilibrée privilégiant la consommation quotidienne de 5 fruits et légumes riches en fibres ainsi qu’une consommation modérée de viande rouge au profit du poisson et de la volaille
  • Une limitation du temps d’écran
  • La pratique d’une activité physique régulière c’est-à-dire 60 minutes par jour minimum

Complications, prise en charge et traitement

Le prise en charge du diabète de type 2 chez l’enfant et l’adolescent revêt un caractère particulier. En effet, face à cette maladie, les enfants et adolescents ne doivent pas être considérés comme de petits ou de jeunes adultes6. Ils doivent bénéficier d’un dépistage, d’un diagnostic, d’une prise en charge, d’un suivi et de traitements adaptés. Les symptômes chez l’enfant ne sont pas les mêmes que chez l’adulte et peuvent dans un premier temps faire penser à un diabète de type 1.6

Chez l’adolescent DT2, les complications telles que l’hypertension surviennent plus rapidement et sont plus agressives avec un fort taux de complications cardiovasculaires et un accroissement de 10% de la mortalité dans les dix années qui suivent le diagnostic.6 De même, les traitements proposés aux adultes ne sont pas toujours aussi efficaces chez les enfants. La prévention chez les enfants à risque est donc capitale et passe par la mise en place de bonnes habitudes d’hygiène de vie (ré-équilibrage des repas notamment), un dépistage précoce, une surveillance rigoureuse et surtout un contrôle régulier du poids et de l’équilibre glycémique.6

  1. L’Assurance maladie. Le diabète de type 2. Accessible sur https://bit.ly/3EapkMS. Dernier accès le 12/07/22
  2. Mayer Davis EJ et al. N Engl J Med. 2017. 376(15):1419-29 Incidence Trends of Type 1 and Type 2 Diabetes among Youths, 2002–2012
  3. IDF Diabetes Altlas. Ed 2021
  4. Fagot-Campagna A. L’apparition du diabète de type 2 chez l’enfant et ses implications en santé publique. BEH n° 20-21/2002
  5. Bismuth-Reisman E. Le diabète de type 2 chez l’enfant et l’adolescent. Médecine des maladies métaboliques. 2020. 14(5) : 401-07.
  6. Lamiche-Lorenzini F. Diabète de type 2 chez les adolescents. Diabète & Obésité. 2021. 16 (146) : 226-28
  7. ANSES. Inactivité physique et sédendarité chez les jeunes. L’ANSES alerte les pouvoirs publics. 23/11/2020
  8. Programme Nationale Nutrition Santé. Les recommandations sur l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité. Accessible sur https://www.mangerbouger.fr/l-essentiel/les-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite. Dernier accès le 12/07/22.

FR22DI00223 – Octobre 2022