Ce dossier a été réalisé en collaboration avec le Professeur Emmanuel Disse, endocrinologue, Hôpital Lyon Sud et le docteur François Dievart, cardiologue, angiologue à Dunkerque.

Maladie de plus en plus fréquente mais souvent ignorée, le diabète de type 2 est lié, entre autres, au mode de vie. Or, il peut avoir des conséquences graves à long terme, et représente un facteur de  risque élevé d’événement cardiovasculaire. 
Les facteurs classiques de risques cardiovasculaires ont un effet multiplicateur chez les personnes diabétiques. Il en va ainsi de l’hypertension artérielle, de l’excès de lipides (cholestérol et triglycérides) dans le sang ou du tabagisme. Au total, les adultes atteints de diabète ont une probabilité 2 à 3 fois plus forte que le reste de la population de développer une maladie cardiovasculaire. 
Mais heureusement, il existe des stratégies de prévention.


Le risque cardiovasculaire : une complication importante du diabète de type 2


Pr Emmanuel Disse, endocrinologue à l’hôpital Lyon Sud 

Les populations présentant un diabète de type 2 depuis plusieurs années sont considérées comme ayant un risque cardiovasculaire augmenté par rapport aux populations sans diabète. En effet, l’hyperglycémie chronique peut contribuer au vieillissement prématuré des artères et notamment au processus d’athérosclérose qui obstrue progressivement les artères et expose aux accidents cardiovasculaires. Par ailleurs, le risque cardiovasculaire observé dans les populations diabétiques de type 2 peut également être rattaché aux conditions métaboliques à risque telles que l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et le surpoids androïde, plus fréquemment observées en présence d’un diabète de type 2.


Les facteurs de risque

Ce risque cardiovasculaire plus élevé que dans la population générale explique la prévalence accrue dans la population diabétique de type 2 d’un certain nombre de complications cardiovasculaires. Ces complications sont notamment l’angine de poitrine et l’infarctus du myocarde lorsque les artères coronaires sont atteintes, l’accident vasculaire cérébral lorsque les artères cérébrales ou à destinée cérébrale sont atteintes ou encore l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs qui peut se traduire par des douleurs à la marche, un risque de gangrène, voire d’amputation si les artères des membres inférieurs sont obstruées. Il faut toutefois noter que ces complications cardiovasculaires ont fortement diminué sur les 30 dernières années et tout particulièrement dans les populations diabétiques. Ainsi, aux États-Unis, s’il persiste de nos jours un sur-risque en lien avec le diabète, la prévalence de l’infarctus du myocarde a diminué de plus de 65% chez les patients diabétiques contre 32% dans les populations non diabétiques. L’amélioration de la prise en charge des différents facteurs de risque cardiovasculaire des patients diabétiques (hyperglycémie, hypercholestérolémie, hypertension artérielle) et l’utilisation plus fréquente de certains traitements (statines, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, aspirine à faible dose…) expliquent cette évolution favorable sur les dernières années.

En effet, lors de la prise en charge de ses patients, le médecin diabétologue va non seulement aider au bon contrôle glycémique mais il va également s’assurer, comme le cardiologue, que l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaires sont contrôlés de manière optimisée. Il est donc fréquent que ce soit le diabétologue qui débute un traitement pour contrôler les lipides ou la tension artérielle ou encore qui propose une aide au sevrage tabagique ou pour perdre du poids. En diabétologie, les objectifs du contrôle glycémique sont personnalisés. Ainsi, les patients diabétiques avec des complications cardiovasculaires évoluées ont une cible d’HbA1c proche de 8% en évitant les hypoglycémies, alors que la cible habituelle est plus basse à 7% voire 6,5% pour certains patients.

Prise en charge diététique

Parmi les mesures recommandées afin de limiter le risque d’accidents cardiovasculaires dans la population diabétique de type 2, l’adoption d’un mode de vie sain est primordiale. Cela se traduit par la pratique régulière d’une activité physique adaptée à la condition médicale, une lutte contre la sédentarité (limitation du temps quotidien passé assis, par exemple), un sevrage tabagique s’il est nécessaire et une alimentation adaptée. La limitation de consommation de certaines graisses, comme les acides gras saturés et les acides gras trans est recommandée. Le « régime méditerranéen », riche en fibres (fruits, légumes et légumineuses), céréales, poissons, viandes blanches et fruits oléagineux, a fait ses preuves pour diminuer la survenue d’événements cardiovasculaires et peut donc être recommandé pour les populations les plus à risque. Ces différents changements de mode de vie peuvent être difficiles à mettre en place et nécessitent donc des encouragements et un appui de tous les acteurs médicaux et paramédicaux qui accompagnent les patients diabétiques de type 2.

Prise en charge médicamenteuse

Parmi les traitements médicamenteux, la présence d’un antécédent d’accident cardiovasculaire ou bien l’évaluation d’un haut risque cardiovasculaire peuvent conduire à la prescription d’un certain nombre de molécules ayant fait la preuve scientifique d’une réduction des événements cardiovasculaires majeurs ; c’est ainsi le cas pour les statines, traitement de l’hypercholestérolémie, pour certaines classes de traitements anti-hypertenseurs comme les bêtabloquants ou encore les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, ou encore pour les traitements antiagrégants plaquettaires comme l’aspirine. En ce qui concerne les traitements hypoglycémiants du diabète, il existe une obligation depuis 2008 qui consiste à démontrer scientifiquement que tout nouveau traitement du diabète n’est pas délétère sur le plan cardiovasculaire. Si cette démonstration n’a pas été réalisée complètement pour les classes d’hypoglycémiants les plus anciennes comme les sulfamides hypoglycémiants, les autres classes de médicaments plus récentes ont démontré leur innocuité cardiovasculaire. Ces études cardiovasculaires avec les traitements du diabète de type 2 ont également permis de mettre en évidence que certains traitements hypoglycémiants pouvaient protéger vis-à-vis du risque en diminuant la survenue d’accidents cardiovasculaires. 

En résumé, une prise en charge adaptée et optimisée du diabète de type 2 passe par une bonne évaluation du risque cardiovasculaire, des conseils et des encouragements autour d’une hygiène de vie saine, un objectif glycémique personnalisé et l’emploi, si nécessaire, de traitements médicamenteux. Cette prise en charge doit mobiliser tous les acteurs du soin autour du patient diabétique et suivre les principes de la décision médicale partagée afin d’assurer l’adhésion au plan de soins proposé.


“Avoir un diabète, c’est sérieux. Avoir un diabète doit conduire à avoir une bonne hygiène de vie.”


Dr François Dievart, cardiologue, angiologue à Dunkerque

Il ne sera ici question que du diabète dit de type 2, celui-ci ne justifiant pas d’être traité d’emblée par insuline.

Avoir un diabète est une modification de l’état de santé qui doit faire prendre conscience qu’il y a un risque plus élevé d’avoir certaines autres maladies que le diabète par rapport aux personnes qui n’ont pas de diabète mais qu’il est possible de prévenir ce risque par des mesures simples.
 

Diabète, cœur, cerveau et artères 

En effet, le risque d’avoir une maladie cardiovasculaire, c’est-à-dire une maladie des artères du cœur (infarctus du myocarde, maladie coronaire justifiant des dilatations avec des stents ou d’avoir des pontages) ou une maladie du cerveau (congestion cérébrale ou AVC), est multiplié par 2 chez une personne qui a un diabète par rapport au risque d’une personne qui n’a pas diabète. 
Le risque d’avoir de l’artérite (artères des jambes qui se bouchent) ce qui peut parfois conduire à une amputation est aussi beaucoup plus élevé chez les personnes ayant un diabète que chez les personnes n’en ayant pas.
Ainsi, il est démontré que si, chez les personnes sans diabète, les maladies cardiovasculaires sont responsables d’environ un tiers des décès, chez les personnes ayant un diabète, ces mêmes maladies sont responsables de plus de la moitié des décès. Les maladies cardiaques dans leur ensemble sont une des complications les plus importantes associées au diabète. Leur risque est d’autant plus important si au diabète sont associés une hypertension artérielle (élévation de la pression artérielle), une élévation du mauvais cholestérol (LDL cholestérol), une obésité, un manque d’activité physique régulière et surtout un tabagisme. 

Adopter de bonnes habitudes

En considérant ces données, on comprend que des mesures simples permettent de diminuer le risque d’avoir une maladie cardiaque lorsque l’on est diabétique et que ces mesures sont très importantes à suivre pour une personne ayant un diabète.
Il faut avoir une bonne hygiène de vie avec de l’activité physique régulière et une alimentation ni trop grasse, ni trop sucrée ni trop salée. Tout cela ne doit pas être vécu comme un régime ou une contrainte mais plutôt comme le fait d’adopter de bonnes habitudes, des habitudes saines et qui doivent rester des habitudes. Un « régime » c’est fait pour grossir, il suffit pour cela de faire un régime riche en graisses, sucres et alcool et de ne pas faire d’exercice physique régulier, par exemple. Prendre de bonnes habitudes, c’est éviter tout cela et éviter de prendre du poids ou en perdre lorsqu’il y en a trop et ne pas le voir revenir.
Perdre du poids s’il y en a trop et avoir une activité physique régulière sont ainsi des éléments essentiels lorsque l’on a un diabète. 


Avoir certains traitements et les prendre régulièrement

Mais cela ne suffit pas toujours à diminuer l’excès de risque de maladie cardiaque chez les personnes ayant un diabète : la prise de certains médicaments est aussi souvent nécessaire. Ces médicaments doivent permettre de diminuer la pression artérielle si cela est nécessaire, de diminuer le cholestérol si cela est nécessaire et de diminuer le taux de sucre dans le sang, appelé glycémie.
Lorsque l’on a déjà eu un problème cardiaque, certains médicaments deviennent indispensables chez le non-diabétique comme chez le diabétique : un médicament rendant le sang « plus fluide », ce que l’on appelle un antiagrégant plaquettaire, un médicament diminuant le mauvais cholestérol (une statine), même si le taux n’était pas très élevé et certains médicaments particuliers du traitement du diabète, chez les diabétiques, pour lesquels des études ont démontré qu’ils réduisent plus le risque de nouvelle maladie cardiaque que d’autres médicaments du diabète.

Voir régulièrement les médecins

Si avoir un diabète est une modification de l’état de santé qui doit faire prendre conscience qu’il y a un risque plus élevé d’avoir certaines autres maladies que le diabète par rapport aux personnes qui n’ont pas de diabète, il faut aussi savoir que ces maladies peuvent parfois débuter sans s’en rendre compte : les médecins parlent de maladies « silencieuses » comme, par exemple, un infarctus silencieux. Cela signifie que la personne a eu un jour un infarctus du myocarde, mais qu’elle ne s’en est pas aperçue.
Mais il est possible de le savoir et de prévenir des complications particulières par une surveillance régulière. Ainsi, lorsque l’on a un diabète, il est conseillé d’avoir un examen des yeux par un ophtalmologue et un examen du cœur par un cardiologue une fois par an. Ces spécialistes jugeront si certains examens particuliers sont alors nécessaires.

En pratique

Avoir un diabète est une modification de l’état de santé qui doit faire prendre conscience qu’il y a une augmentation du risque de maladies cardiaques et vasculaires et qu’il y aura probablement plusieurs médicaments à prendre régulièrement mais qu’il est possible de diminuer le nombre de médicaments à prendre par des mesures simples. Ces mesures sont les mêmes que celles qui permettent de diminuer le risque de certaines autres maladies : avoir une bonne hygiène de vie avec de l’activité physique régulière et une alimentation ni trop grasse, ni trop sucrée, ni trop salée.
Avoir un diabète, c’est sérieux et doit faire prendre conscience qu’une bonne hygiène de vie est une clef du succès contre cette maladie particulière.