Écoutez l’émission “Le diabète et ses complications cardiovasculaires” diffusée sur Radio Public Santé en novembre 2018

Sans doute pas assez évoqué, le diabète peut entraîner des complications cardiovasculaires parfois sévères ; c’est même la première cause de mortalité chez les patients atteints de diabète de type 2, pour lesquels le risque est 2 à 3 fois supérieur à celui de la population générale ; sachant que les maladies cardiovasculaires représentent environ la moitié des décès observés au sein de cette dernière.

Comment expliquer ce phénomène ? Le diabète, qui correspond à un excès de sucre dans le sang et donc à une glycémie trop élevée, participe au vieillissement prématuré des artères, lui-même à l’origine de la plupart des problèmes cardiovasculaires tels que l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’infarctus du myocarde. Ce phénomène est aggravé par d’autres facteurs de risque comme l’hypertension artérielle, le surpoids ou un cholestérol élevé ; des facteurs de risque assez fréquents chez la population diabétique, auxquels s’ajoutent le tabagisme et le manque d’activité physique.

D’autres risques, plus insidieux, existent. Ainsi, les petits vaisseaux irriguant la rétine peuvent être endommagés, engendrant des altérations visuelles, qui passent longtemps inaperçues, mais peuvent aboutir à une cécité. Par ailleurs, la circulation sanguine est souvent moins bonne au niveau des vaisseaux des pieds, ce qui aggrave les conséquences d’une éventuelle atteinte des grosses artères des jambes et explique la nécessité de parfois recourir à une amputation des orteils. Enfin, le diabète expose à des lésions précoces des petits vaisseaux irriguant les reins, avec le risque de voir se développer une insuffisance rénale.

Mais ne soyons pas pour autant alarmants car le nombre de complications cardiaques chez les diabétiques a fortement diminué ces 30 dernières années, grâce à une meilleure prise en charge et à des traitements adaptés.

Le professeur Franck Boccara, médecin cardiologue à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, explique que le suivi cardiologique des patients diabétiques est maintenant systématique en présence de tous ces facteurs de risque. On prescrit la plupart du temps un bilan annuel et il est fréquent de réaliser un électrocardiogramme pour vérifier l’absence de séquelle d’infarctus du myocarde qui serait passé inaperçu ; un examen qui peut être complété par une échographie du cœur et des vaisseaux pour visualiser la fonction cardiaque et les grosses artères du cou ou des jambes. On peut également effectuer un test d’effort pour évaluer la tolérance cardiaque à un effort important, ce qui peut démasquer une maladie des artères du cœur – les artères coronaires -, qui serait restée silencieuse. Par ailleurs, à côté de la réalisation de ces examens, mes confrères médecins généralistes et diabétologues et nous, cardiologues, avons l’habitude de débuter un traitement pour contrôler les lipides en cas d’excès de cholestérol dans le sang ou d’administrer un traitement contre l’hypertension artérielle. On pourra aussi dépister, une fois par an, la population à risque par un dosage de protéine dans les urines et un dosage de la créatinine, afin d’apprécier la capacité de filtration des reins. Enfin si nécessaire, on oriente le patient vers d’autres spécialistes complémentaires, pour un sevrage tabagique ou un rééquilibrage alimentaire par exemple. 

L’alimentation est précisément l’un des axes fondamentaux dans la diminution des facteurs de risque. L’accompagnement diététique du patient est primordial et passe par la limitation de la consommation de certaines graisses réputées mauvaises pour les artères : les acides gras saturés et trans notamment. On va donc souvent construire les repas sur le modèle du fameux régime méditerranéen, et on fera la part belle aux fibres avec les fruits, les légumes et les légumineuses. On sélectionnera également des céréales, des poissons et des viandes blanches, puis on ajoutera une poignée de fruits oléagineux pour leurs effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire.

Le professeur Boccara revient sur la prise en charge médicamenteuse : on va d’abord s’intéresser aux antécédents personnels du patient et à ceux de sa famille, pour déterminer les facteurs de risques qui peuvent exister. On dispose ensuite d’un certain nombre de molécules pour aider à les prévenir, les contrôler ou les traiter. Pour lutter contre les excès de cholestérol et l’hypertension, différentes stratégies sont possibles. Chaque facteur de risques peut être traité de façon médicamenteuse si besoin. Mais, au-delà du traitement, je voudrais insister sur l’importance des changements de style de vie, en modifiant son alimentation et en augmentant son activité physique. Chaque effort est payant pour le patient, même le plus petit possible pour lui. Et il faut le soutenir dans cette démarche, parfois difficile et longue. Le patient diabétique n’est pas seul et son suivi doit être régulier et complet, avec une coordination de toute une équipe médicale comprenant diabétologue, cardiologue, diététicien et, bien sûr, le médecin traitant.
Pour résumer, un patient diabétique en bonne santé c’est un patient qui suit un régime adapté, contrôle sa glycémie et effectue un suivi régulier avec son médecin. C’est aussi une femme ou un homme qui réussit à réduire ses facteurs de risques cardiovasculaires en arrêtant de fumer, en raisonnant sa consommation d’alcool et en adoptant une activité physique régulière, douce et modérée : natation ou footing par exemple. Le patient peut vaincre les complications du diabète en modifiant son comportement face à cette maladie chronique et en devenant un acteur de sa maladie, grâce à l’aide des professionnels de santé qui l’entourent et le soutiennent. 

En quelque sorte, prévenir les conséquences potentielles du diabète, c’est avant tout en prendre conscience, car des solutions thérapeutiques existent… et c’est accepter d’adapter un peu son quotidien pour aller mieux demain… Vous l’avez compris, c’est un sujet à prendre à cœur !